Gérer ses priorités et se faire plaisir pour dépasser ses limites


Savez-vous que le record de France d’apnée statique est détenu par un Lorrain ? Avec 9 minutes 28 secondes sous l’eau, le Lunévillois Eric MARCHAL fait figure de références mondiales dans la discipline. Depuis ses premiers essais il y a 9 ans, il enchaine les performances, parmi lesquels des titres de Vice-champion d’Europe en 2019, Champion du monde en 2021 et Champion de France en 2023. Des récompenses d’autant plus impressionnantes qu’il poursuit à côté ses activités professionnelles de céréalier et de brasseur. Il nous raconte son parcours et son rythme de vie à 100 à l’heure !

Comment avez-vous démarré l’apnée statique ?

J’ai toujours aimé avoir la tête sous l’eau. Je m’y suis toujours senti bien. Enfant, nous faisions avec mon frère des concours d’apnée avant de nous endormir. On tenait déjà longtemps ! J’ai toujours fait beaucoup de sports, souvent très physiques. Mais à un moment donné, j’ai enchainé les blessures. Je cherchais un sport moins traumatisant pour mon corps, mes articulations. Quand j’ai vu qu’il y avait un club d’apnée à Nancy, le NSS « Nancy Sports Subaquatiques », j’ai eu envie d’essayer.  A mon tout premier entrainement en mai 2016, j’ai tenu déjà 4 minutes 30. Le coach n’en revenait pas ! 4 mois plus tard, je faisais ma 1ère compétition régionale, avec une belle 2e place, qui me donnait accès directement au championnat de France. En moins d’un an, je disputais déjà une compétition nationale !

Comment vit-on ces compétitions ?

C’était nouveau pour moi, je découvrais tout un univers. Pendant l’entrainement, une demi-heure avant la compétition, j’ai été pris de panique. Je n’arrivais à rien. Et puis finalement, le moment venu, j’ai réussi à me détendre et à atteindre les 7 minutes, m’offrant la 7e place du classement.

Comment réussissez-vous à vous détendre dans l’eau ?

Il y a tout un travail à faire sur le mental. Je m’appuie beaucoup sur la sophrologie, qui m’aide à vivre l’instant présent, à être dans mon corps et non dans mes pensées. Pendant une apnée, je passe en revue la moindre partie de mon corps, chacun de mes muscles. Je suis pleinement présent. C’est essentiel car, dans l’eau, les idées négatives peuvent vite arriver. Pendant la 1ère partie de la plongée, l’oxygénation se fait à peu près normalement. A partir de 5 minutes, on entame une phase de vasoconstriction : le corps produit des spasmes, pour nous pousser à sortir la tête hors de l’eau. C’est une phase vraiment critique, pendant laquelle il faut se laisser aller, accepter les spasmes. Au-delà de 7 minutes, les contractions deviennent de plus en plus fortes. Cela se joue vraiment à la force du mental. Bien sûr, je précise que tout cela est très encadré. Dans l’eau, je suis entouré de mon coach et d’une personne chargée exclusivement de ma sécurité. Je suis sous haute surveillance. Et heureusement, tout s’est toujours bien passé.

A quoi ressemble votre journée type ?

J’ai un entrainement important, avec du cardio et beaucoup d’étirements, entre autres. Contrairement aux apparences, c’est un sport très physique ! Donc je m’entraine soit le matin, soit en soirée. Le reste de la journée est consacré à mon métier d’agriculteur et de brasseur. Je me suis installé en 1999, déjà avec Cerfrance Adheo à mes côtés. J’ai aujourd’hui 180 hectares de céréales (blé, orge, maïs, tournesol et colza). Et je produis les bières « Les Jardins du Roi » (blanche, blonde et ambrée). J’ai dû adapter au fil des années ma façon de travailler, en faisant évoluer notamment certaines techniques agricoles. Aujourd’hui, je travaille mes terres de façon plus superficielle. D’un côté, je gagne du temps. Mais d’un autre, mes terres sont plus froides et humides. Elles nécessitent plus de surveillance. Je n’ai pas encore trouvé la formule magique !

C’est un peu un casse-tête entre mes entrainements, mon travail dans les champs ou à la brasserie, la météo, les contraintes administratives et autres impératifs qui s’ajoutent. D’autant qu’en général, mes concurrents sont des apnéistes professionnels, plus jeunes (j’ai 55 ans), et qu’ils peuvent y consacrer tout leur temps. Mais ce rythme me plait. Et la motivation diminuant après mon titre de champion du monde, je me suis aussi mis au triathlon !

Quels conseils donneriez-vous pour atteindre ses objectifs ?  

La gestion du temps est essentielle. Il faut être au clair sur ses priorités. J’ai choisi de placer l’apnée et le sport en premier, avant mon travail et ma vie familiale. C’est un choix que j’assume, même si ça n’est pas toujours simple. Ma vie est guidée par mon sport, y compris mon alimentation, mon hygiène de vie quotidienne. C’est vraiment important d’allier le travail sur le corps et sur le mental, d’apprendre à gérer son stress, en utilisant par exemple la visualisation. La respiration et la cohérence cardiaque sont également d’excellents alliés. Enfin, c’est important de ne pas se précipiter. Les objectifs doivent être progressifs. En apnée, la récupération compte tout autant que l’entrainement. Il faut y aller petit à petit, et toujours avec plaisir. C’est important ne pas oublier pourquoi on a fait ces choix, et de les apprécier au quotidien.

 

Cerfrance Adheo est fier de soutenir Eric MARCHAL dans la réussite de ses projets et lui souhaite le meilleur pour les prochains mondiaux !

Photo : Eric MARCHAL au centre est entouré de Laetitia KERAMBRUN (Directrice Développement Conseil) et Benjamin RUZE (Responsable de production Conseil)