« Il faut toujours y croire et ne pas s’arrêter au premier échec »


Thierry FISCHESSER aurait dû reprendre l’exploitation familiale dans les années 90, mais son expérience de DJ l’a finalement dirigé vers les métiers de la nuit. Aujourd’hui, c’est la création d’un parc de loisirs dédié au Moyen-âge qui occupe son esprit. Rencontre avec ce passionné hyperactif, qu’Adheo suit depuis toujours.

Pouvez-vous nous faire un résumé de votre parcours ?

Je suis d’origine agricole. Mes parents avaient une exploitation sur laquelle j’ai travaillé jusqu’en 1995. Parallèlement, j’étais DJ depuis une dizaine d’années et ce monde m’attirait de plus en plus. En 1995 j’ouvre mon premier bowling et je poursuis avec un magasin de jeux de lumières.

En 2006, je crée l’Alegra à Châlons-sur-Marne : un espace de 3 500 m2 avec 12 espaces (10 salles de discothèque, 1 karaoké, 1 restaurant de nuit) et 1 boutique clubing avec la création de notre propre marque. C’est l’un des plus grands établissements de France, réunissant près de 3 000 personnes chaque week-end.
Depuis une dizaine d’années, l’activité « discothèque » est en déclin. Le public privilégie plutôt les soirées privées, les festivals… La fréquentation est en baisse. Je m’adapte donc et je me diversifie en ayant des activités de jour et d’autres de nuit.

En 2019, débutent des travaux dans l’Alegra avec la création de 2 restaurants (300 couverts) qui devraient ouvrir en février 2021 : un bistronomique qui sera ouvert le jour et un autre en mode « planches à partager ». 2 bars ambiance ouverts la nuit doivent également voir le jour. Un drive et de la livraison de repas à domicile seront proposés. Ils seront suivis en avril par l’ouverture d’un restaurant spectacle de 280 couverts. Avec toujours des salles de discothèque qui ouvriront désormais à partir de 21h. Les comportements ont changé, nous devons nous adapter et revoir la structure, la méthode et la taille des espaces, notre tarification aussi.

Dans un sens, la crise sanitaire a eu un effet bénéfique sur ce projet en fermant administrativement les discothèques : elle nous a offert du temps ! Les travaux étaient planifiés sur 3 ans. Ils seront finalement terminés en 18 mois, ce qui pose quand même quelques problèmes de trésorerie puisque notre budget prévisionnel prévoyant une part importante d’autofinancement avec les recettes que nous aurions dû faire en maintenant l’activité pendant les travaux.

Parallèlement à tout ça, depuis 7 ans, je travaille sur le projet de la création d’un parc d’activités sur le Moyen-âge, qui devrait voir le jour en 2023.

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

Tous nos interlocuteurs ont été très réactifs, notamment du côté des banques. Adheo suit ma comptabilité depuis le départ pour l’Alegra. J’ai une situation comptable saine, avec de la trésorerie d’avance, ce qui est crucial dans mes relations avec les banques notamment (et encore plus dans le milieu de la nuit !). Grâce à mes contacts constants depuis 7 ans avec les administrations sur le projet de parc, j’ai pu être très réactif sur les dossiers à remplir. Nous avons fait aussi beaucoup de recherches avec ma secrétaire. Je suis un habitué des dossiers administratifs. J’ai utilisé tous les dispositifs possibles :

  • J’ai donc pu demander et bénéficier : du Prêt Garanti par l’Etat, du Prêt Rebond, du Prêt Atout, du Fonds de solidarité, d’une aide de la Région, du report des échéances fiscales et d’échéances de prêts pendant 1 an.
  • J’ai mis en place 45 activités partielles sur les 55 salariés de l’Alegra.
  • Et aujourd’hui, je viens d’obtenir un Prêt Garanti par l’Etat « saisonnier ».

Et ce projet de parc d’activité, comment est-il né ?

En 2001, avec ma femme, à la suite de nos visites au Puy du Fou, et notre passion pour le monde du spectacle et l’univers fantastique, nous avons souhaité créer un parc regroupant ses 2 univers.

En 2013, nous avons eu l’opportunité d’acheter un château à Sainte-Ménehould. Notre dossier n’a pas été retenu, mais ça nous a permis de formaliser notre projet et nous a motivés pour accélérer nos recherches de terrain, château, ruines… Il y avait de beaux sites, mais qui étaient souvent protégés (Monument historique, site Natura 2000…), ce qui nous offrait peu de liberté.

En 2015 nous avons changé de stratégie. Objectif : acheter un terrain et une forêt, pour partir d’une feuille blanche. Une rencontre par hasard avec le maire de Sainte-Ménehould nous permet de lui expliquer officiellement le projet de « Parc d’animation et spectacle vivant ». Fin 2015, le terrain et la forêt sont achetés, notre dossier est déposé à la Préfecture et nous faisons les études environnementales.

Depuis 2017, nous travaillons avec notre conseiller Adheo pour faire le montage financier, en lien avec les banques et la Caisse des dépôts. Le prévisionnel a été géré à 100 % par Adheo. C’est un élément crucial pour la réussite du projet, qui s’élève tout de même à 24 millions d’euros ! Nous en sommes déjà à la 4e version. Pour moi, la force d’Adheo repose sur la qualité des chiffres et leur présentation. Et bien sûr dans ses équipes !

Malgré le contexte sanitaire, mes interlocuteurs Adheo sont réactifs, toujours présents pour m’apporter des éclaircissements, m’aider dans mes réflexions. Mon conseiller a assisté à tous les rendez-vous avec les banques. Je me sens soutenu. Résultats : nous avons reçu des financements de la part des différents interlocuteurs de l’Etat : la Commune de Ste Ménéhould (études et avances de remboursement), la Communauté de Communes (engagement sur des travaux de voirie), le Département de la Marne, la Région Grand Est et BPI (subvention et garantie des prêts à 50 %), et le FEDER (Fonds européen de développement régional). Même aujourd’hui, pendant cette période de 2e confinement, nous avons un très bon soutien de la part de tous les services de l’Etat.

En 2018, nous déposons le permis de construire et, fin 2018, toutes les autorisations sont accordées.

Aujourd’hui, où en êtes-vous ?

Je ne peux pas attendre d’avoir la totalité des financements pour commencer. Et pour avoir un appui des banques, le projet doit être construit et détaillé, ce qui m’impose d’investir pour avancer. Certains éléments nécessitent par ailleurs de s’y prendre longtemps à l’avance. Par exemple, il y a besoin de 4 ans de préparation pour travailler sur les différents scenarii du parc, sur les parcours et les animations.

  • Depuis 2018, j’ai donc recruté un Directeur Artistique pour que nous pilotions à trois (avec ma femme et moi-même) la scénarisation des spectacles et du parc.
  • J’ai déjà recruté 14 salariés (des fauconniers, décorateurs, costumiers…). Nous travaillons également depuis 3 ans avec la Ville et la Région pour préparer les recrutements de demain. Après un long travail de recensement des postes et compétences requises, plusieurs classes spécifiques ont été créées dans un CFA pour former mes futurs salariés.
  • J’ai créé un site d’élevage pour les rapaces et repris un centre équestre avec bail pour les chevaux.
  • J’ai acheté une friche industrielle pour qu’on puisse y créer les décors et le mobilier. Les couturières ont quant à elles déjà réalisé 50 costumes.

Maintenant, nous attendons les réponses bancaires pour la fin d’année pour pouvoir commencer les travaux, entre autres la construction du château en avril 2021.

Un conseil en tant que chef d’entreprise ?

Il faut toujours y croire et ne pas s’arrêter au premier échec, aux problèmes financiers. Il faut se donner les moyens de réussir, après avoir vérifié la faisabilité et la rentabilité bien sûr ! Il y a toujours une solution, même si cela prend plus de temps que prévu.

Chaque année, mon projet a été remis en question mais nous nous sommes adaptés aux contraintes et aux interlocuteurs. Il est important de savoir laisser du temps au temps.

Et surtout, il faut bien s’entourer. Adheo est pour moi un partenaire très fort, indispensable et toujours à l’écoute.

Extrait de l’Echos 109 de novembre 2020